Dispositifs numériques de l'exposition "L’Abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial 1707 – 1830"

(Toutes les photos dans cet article sont de David Gallard.)

Le musée d’histoire de Nantes propose d’interroger ses collections sous un nouvel angle, afin de révéler les traces invisibles au premier abord mais bien présentes, du destin de celles et ceux qui furent victimes du système colonial. Au-delà de la vision économique et commerciale habituelle, l’exposition lèvera le voile sur la complexité du réel d’une ville qui fut négrière et esclavagiste.

De nombreux dispositifs numériques accompagnent les publics tout au long du parcours de visite.
En savoir plus sur l'exposition : https://www.chateaunantes.fr/expositions/labime/

• Timelapse

L’exposition commence par un timelapse du site https://www.slavevoyages.org/ (site internet répertoriant l’ensemble de campagnes de traite atlantique et hébergé à l’Université d’Emory, Atlanta, USA) et d’une introduction oralisée en français.
Cette carte animée de 6 minutes montre les campagnes de traite qui ont eu lieu de 1515 à 1866. Sont représentés selon diverses couleurs les pays qui ont participé à ce commerce d’êtres humains. Par ce dispositif, le visiteur est directement confronté à l’ampleur de la traite atlantique.
https://www.slavevoyages.org/voyage/database#timelapse

• Cartes animées

Trois cartes animées sont ensuite présentées aux visiteurs. Elles ont été produites par Anamnesia, et permettent de comprendre les différents échanges qui se sont opérés entre les pays du monde :
1. 1415 – 1498 : A la recherche d’une nouvelle route maritime vers l’Asie (1min46)

2. 1523 – 1763 : Le premier empire colonial français (4min59)

3. 1783 – 1784 : L’activité et la traite atlantique de Nantes (2min33)

• Mapping – Quatre Nantais

Ce dispositif, d’une durée de près de 5 minutes, est produit par Buzzing Light, il permet de décrypter deux tableaux accrochés côte à côte, mais rend aussi compte du contexte esclavagiste français, et notamment à Nantes, premier port négrier.
Des éléments précis sur les tableaux sont mis en lumière, accompagnés d’une bande son en français. La traduction anglaise est présente sous les tableaux de manière synchronisée.

• Projection

A côté de ce dispositif, en figure un autre appelé « mur des noms ». Il s’agit d’une projection dynamique de noms de personnes mises en esclavage à Nantes aux 17e et 18e siècles. Lorsqu’on traverse ce mur, on entend une sélection de noms. Ils ont été enregistrés par des membres d’associations nantaises qui luttent pour la mémoire de l’esclavage (Hetsika, Métisse à Nantes, Association des Antillais et Guyanais de Loire-Atlantique, Association Mémoire de l’Outre-Mer, Les Anneaux de la mémoire et Le Cercle du Marronnage). Ce dispositif a été produit par des membres de Zadig Production, qui faisait partie du marché scénographique remporté par Marc Vallet.

• Modélisation

Par la suite, une modélisation du navire négrier La Marie-Séraphique est présentée en français et en anglais. Cette modélisation (4min34) a été réalisée pour le musée d’histoire de Nantes et pour https://www.slavevoyages.org/ en partenariat avec un consortium d’universitaires anglais et américains. Elle retrace les 4 campagnes de traite réalisées par La Marie-Séraphique, intégrant les aquarelles qui permettent de mieux comprendre les actes de vente et d’achats de captifs ainsi que leur transport.

• Mapping – La Marie-Séraphique

Un dispositif immersif confronte durant plus de 4 minutes le visiteur à ce que pouvait être l’entrepont d’un navire négrier, l’espace où étaient stockés les captifs. Les images projetées au sol et sur les deux murs parallèles sont issues de deux aquarelles des collections du musée d’histoire de Nantes. Une bande-son, réalisée par Martin Gracineau, vient accompagner ce mapping, produit par Electroson, pour renforcer le sentiment d’immersion.
La Marie-Séraphique est le seul navire ayant fait l'objet de représentations (5 aquarelles au total) par un marin à bord décrivant l'exactitude des opérations de traite et notamment une vue unique qui est celle de l'entassement dans l'entrepont. Les autres dessins de l'entassement, produits à la fin du 18e siècle et au 19esiècle, ont été réalisés par les abolitionnistes à partir de témoignages indirects. (Bertrand Guillet, directeur du Château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes)

• Scan d’objets

Un dispositif de scan d’objets, produit par Buzzing Light, est proposé au RDC de l’exposition (cet espace est dédié aux enjeux contemporains liés à l’esclavage, au racisme et à la mémoire.)
Cinq objets ont été sélectionnés : un rouge à lèvre, des bijoux, du chocolat, un jean et un smartphone. Le principe : scanner un code barre présent sous l’objet via une douchette, ce qui enclenche une courte vidéo qui montre différentes données liées à l’exploitation de populations dans le monde.

• Questionnaire

Un questionnaire, dont l’interface a été réalisée par opixido, est présent dans l’espace du RDC. Il propose une cinquantaine de questions à propos de la science, de l’art, de la société et de l’histoire. Les visiteurs peuvent répondre à 8 questions lors d’une partie, et en refaire autant qu’ils le veulent, les questions étant présentées de manière aléatoire. Il y a une version française et une version anglaise.

• Films

Différents films sont proposés sur des écrans et à travers des interfaces conçues par mgdesign :
- « Le dessous des cartes – Les mémoires du racisme »
- Des extraits du film « Paroles d’esclavage – les derniers témoignages » de Serge Bilé et Daniel Sainte Rose-Franchine
- De nombreux films d’archives : inauguration du mémorial de l’esclavage de Nantes, des films de l’Unesco sur des chants et danses traditionnels par exemple, des films pour le jeune public sur l’esclavage contemporain, etc. Il y a aussi des liens vers trois associations mémorielles de Nantes (Mémoires de l’Outre-Mer, Métisse à Nantes et Les Anneaux de la Mémoire).

• Sons

Une dizaine d’écoutes individuelles (lecture de textes, des extraits du code noir par exemple) sont proposées dans le parcours.
En complément, une diffusion d’ambiance d’un morceau de Rameau est programmée au 1er étage tandis qu’une chanson d’Abd Al Malik l’est à la sortie de l’exposition.

Le son a une place importante dans l’exposition, une boucle a donc été créée pour que le « Mapping – Quatre Nantais », le « Mapping – La Marie-Séraphique » et le « morceau de Rameau » ne jouent pas en même temps.